EUGÉNIE DE MONTIJO


Création le 25 mars 2018

On ne trouve pas toujours dans les livres d’Histoire de France des histoires aussi étranges que celle-çi. Il faut aller fouiller dans la Revue du Souvenir Napoléonien de décembre 2017 et s’aider de Wikipedia pour reconstituer une telle histoire cachée.

Voici donc Eugénie de Montijo. Veuve de Napoléon III, établie en Angleterre depuis la chute du Second Empire, elle résume à elle seule, par ses origines espagnoles  et ses liens familiaux avec l’Italie, une Europe fédérée pour laquelle elle œuvra sans cesse afin de prévenir l’inévitable Première Guerre mondiale.


Le 23 octobre 1870, l'ex-impératrice, réfugiée en Angleterre, écrit au roi de Prusse Guillaume Ier en tentant de l'amener à renoncer à l'Alsace ; dès le 26, le souverain allemand répond par un refus :


« Madame,
J'ai revu la lettre que Votre Majesté a bien voulu m'adresser et qui a évoqué des souvenirs du passé que je ne puis me rappeler sans regrets !
Personne plus que moi ne déplore le sang versé dans cette guerre qui, Votre Majesté le sait bien, n'a pas été provoquée par moi.
Depuis le commencement des hostilités ma préoccupation constante a été de ne rien négliger pour rendre à l'Europe les bienfaits de la paix, si les moyens m'en étaient offerts par la France. L'entente aurait été facile tant que l'Empereur Napoléon s'était cru autorisé à traiter et mon gouvernement n'a même pas refusé d'entendre les propositions de Jules Favre et de lui offrir les moyens de rendre la paix à la France. Lorsque à Ferrière des négociations parurent être entamées au nom de Votre Majesté, on leur a fait un accueil empressé et toutes les facilités furent accordées au Maréchal Bazaine pour se mettre en relation avec Votre Majesté, et quand le général Boyer vint ici il était possible encore d'arriver à un arrangement si les conditions préalables pouvaient être remplies sans délai. Mais le temps s'est écoulé sans que les garanties indispensables pour entrer en négociations eussent été données.


J'aime mon pays comme vous, Madame, vous aimez le vôtre, et par conséquent je comprends les amertumes qui remplissent le cœur de Votre Majesté et j'y compatis bien sincèrement. Mais, après avoir fait d'immenses sacrifices pour sa défense, l'Allemagne veut être assurée que la guerre prochaine la trouvera mieux préparée à repousser l'agression sur laquelle nous pouvons compter aussitôt que la France aura réparé ses forces et trouvé des alliés. C'est cette considération seule, et non le désir d'agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n'ont d'autre but que de reculer le point de départ des armées françaises qui, à l'avenir, viendront nous attaquer.


Je ne puis juger si Votre Majesté était autorisée à accepter au nom de la France les conditions que demande l'Allemagne, mais je crois qu'en le faisant Elle aurait épargné à sa patrie bien des maux et l'aurait préservée de l'anarchie qui aujourd'hui menace une nation dont l'Empereur pendant vingt ans avait réussi à développer la prospérité.


Veuillez croire, Madame, aux sentiments avec lesquels je suis de Votre Majesté le bon frère
Guillaume
Versailles, le 26 octobre 1870
 »
 

(Ceci fut écrit contre l’avis-même de Bismark)

(47 ans plus tard, en 1917, sous l'influence des États-Unis, les Alliés firent savoir à la France qu'il n'était pas question de lui restituer de façon inconditionnelle l'Alsace-Lorraine qu'ils considéraient comme un territoire allemand ; même les socialistes français partageaient ce point de vue. (Wikipedia) !

 
C'est alors que l'ex-impératrice écrivit à Clemenceau pour lui apprendre l'existence de cette lettre qu'elle lui céda en 1918 par l'entremise d'Arthur Hugenschmidt.


Le président du Conseil put ainsi la lire au cours d'une réunion interalliée. Les termes « C'est cette considération seule, et non le désir d'agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n'ont d'autre but que de reculer le point de départ des armées françaises qui, à l'avenir, viendront nous attaquer » prouvaient à l'évidence que le roi de Prusse ne réclamait pas l'Alsace en tant que territoire allemand, mais comme un glacis pour protéger l'Allemagne. Le retour de l'Alsace-Lorraine fut alors inscrit parmi les buts de guerre.
 

Après la chute de l'Empire, elle devance son époux encore prisonnier en Allemagne pour louer Camden Place, à Chislehurst en Angleterre. C'est dans cette demeure que Napoléon III meurt le 9 janvier 1873. Trois ans après, sa veuve laisse la direction du parti bonapartiste à Rouher, et se consacre à l'éducation de son fils, assisté de son précepteur Augustin Filon.

Le prince impérial Louis Napoléon Bonaparte est cadet, en Angleterre, de l'Académie royale militaire de Woolwich, puis versé dans un corps de cavalerie à destination de l'Afrique du Sud où il est tué par les Zoulous le 1er juin 1879 à Ulundi dans le Natal, lors d'une patrouille dans le bush ; une stèle commémorative y fut posée sur ordre de la reine Victoria. Le prince est enseveli dans l'uniforme anglais.


http://napoleonkersco.blogspot.fr/search/label/8%20-%20LA%20MORT%20DU%20PETIT%20PRINCE

Un an après, Eugénie fait un pèlerinage au Zoulouland ; elle voyage incognito sous son nom habituel de « comtesse de Pierrefonds ».


Ayant survécu près d'un demi-siècle à son mari et à son fils unique, elle mourut à 94 ans au palais de Liria à Madrid.

Elle est inhumée dans la crypte de la chapelle néo-gothique de l'abbaye Saint-Michel de Farnborough, dans la nécropole impériale avec son époux et son fils.




Lors de son enterrement, la République française est représentée symboliquement par un attaché d'ambassade en poste à Madrid, Robert Chapsal et un drapeau français est placé sur le cercueil ; l'abbé de Saint-Michel l'enlève pour le remplacer par le drapeau anglais, et déclare : « Maintenant, reposez en paix, Votre Majesté » !!!


Et d'après la version anglaise de Wikipedia :

L'ancien secrétaire d'État français et président de la métropole Nice Côte d'Azur Christian Estrosi a milité en 2007 pour le rapatriement de la dépouille de Napoléon III en France.
Dom Cuthbert, qui dit attendre avant de se prononcer une demande officielle du président de la République française, a rappelé que ce genre de demande était formulée par les Français « tous les quinze ans environ ». Pour couper court à toute nouvelle initiative d'un gouvernement français en vue du « rapatriement » de Napoléon III, l'un de ses descendants naturels, donc désormais un ayant droit selon la loi française autant que les descendants légitimes, a remis en mains propres en 2010 à dom Cuthbert un document olographe pour s'opposer à la translation des restes de Napoléon III vers la France.[réf. nécessaire]

Dom Cuthbert a précisé qu'avant la demande de Christian Estrosi, la dernière relation entre l'abbaye et l'État français avait été un télégramme du gouvernement français en juillet 1920 qui s'indignait des derniers honneurs que les bénédictins avaient rendus à l'ex-impératrice, morte au palais de Liria à Madrid, pour ses funérailles.

Par ailleurs, les descendants de la famille impériale se sont toujours opposés au rapatriement en France de la dépouille de Napoléon III, sans compter que se poserait le problème (?) de séparer l'empereur de sa femme et de son fils (qui s'est battu sous uniforme anglais) dans le cas où serait envisagée comme sépulture l'hôtel des Invalides (comme Napoléon Ier). L'église Saint-Augustin, où chaque 9 janvier a lieu une messe anniversaire en mémoire à l'empereur, a également été envisagée (Napoléon III avait en effet eu le projet d'en faire un « Saint-Denis impérial » avec un mausolée des Bonaparte).

Granger indique que parmi ses très nombreuses constructions, Napoléon III avait fait édifier à Ajaccio une chapelle destinée à servir de sépulture à sa famille.

Eugénie de Montijo a bien quitté les sépultures de son mari et de son fils pour venir s'établir en France, plus précisément au Cap Martin. C'est à San Remo qu'elle apprit l'agonie du prince Napoléon, dit Plon-Plon, les questions de succession étant réglées, elle s'installe sur cette langue de terre coiffée d'une épaisse pinède et d'une oliveraie séculaire lui donnant l'allure d'une "grosse tortue verte" avec "sa tignasse de pins maritimes".

Plon-Plon



 Elle y fit construire sa résidence secondaire, terminée en 1894, qu'elle occupa, sauf pendant la grande guerre qu'elle passa en Angleterre (pourquoi ?), jusqu'à sa mort en 1920.


 Le jardin de la villa Cyrnos servit de décor à la vie sociale de l'Impératrice, et lui permit de se rapprocher des personnalités princières, scientifiques et artistiques de passage sur la Riviera. 

 
Avec Sissi et son mari

Descendant l'escalier de sa villa

Le climat lui convenait parfaitement, et elle y termina sa vie paisiblement.