


Création le 13 septembre 2009
Modification 1 le 27 novembre 2010
Dans l'excellente Revue du Souvenir Napoléonien n°479 du 2ème trimestre 2009, un article de Christian Fileaux, son président, détaille les circonstances de la mort du Prince impérial, qui eut pu régner sur la France sous le nom de Napoléon IV. En voici un résumé.
Pendant quelques secondes de lutte à mort, seul contre 7 adversaires zoulous, le Prince impérial reçoit 17 blessures, toutes de face. Un vrai cas d'école de contre-guerilla. On est le 1er juin 1879, il a 24 ans.
Réfugié en Angleterre avec sa famille, il brûlait d'envie de prouver sa valeur, à lui-même et aux autres. Opinion du duc de Cambridge, ministre de la Guerre : "... Ma seule crainte est qu'il soit trop courageux."
Les Zoulous ont infligé une cuisante défaite aux Anglais, qui envoient des renforts en Afrique du Sud. Louis n'a de cesse que d'en faire partie, sous l'uniforme anglais, en remerciement pour l'hospitalité accordée à sa famille. Son colonel l'envoie en accompagnement d'une patrouille de reconnaissance commandée - en intérim - par un capitaine pas rompu à la guerilla. Le Prince impérial a pour mission de projeter un campement. La patrouille montée comporte en principe 6 soldats et 6 Basutos. Au moment de partir, les Basutos ne sont pas au rendez-vous. Qu'importe, la mission ne semble pas présenter de danger particulier. Et même seuls 3 soldats s'avisent de prendre leur carabine ! Sans prêter attention aux feux encore fumant du kraal (village zoulou) voisin qui tendent à prouver une présence humaine, le capitaine ordonne une halte, dans une zone de hautes tiges de maïs et de hautes herbes (tambooti grass). Pas assez de troupe pour assurer une flanc-garde. Les chevaux sont dessellés : l'endroit semble si calme.
15h30 : l'interprète cafre, qui était parti chercher de l'eau à la rivière, revient très précipitamment. Le capitaine fait seller. Le prince insiste pour terminer ses croquis, mais le capitaine n'ose pas donner l'ordre du départ. Encore un court moment et les cris de guerre des Zoulous retentissent à quelques mètres seulement. Ceux des cavaliers qui ne sont pas tués s'enfuient. Le prince n'est pas encore complètement monté en selle, que son cheval l'entraîne vers le lit asséché d'une rivière encaissée. Trop sollicitées par l'effort, les coutures de la sangle qui relie les deux fontes craquent. Le cavalier s'écroule lourdement au le sol, le poignet brisé. Les Zoulous se ruent déjà sur lui. Il fait feu. Il évite bien une première sagaie, la seconde l'atteint à l'épaule gauche, la troisième lui rentre dans le crâne par l'œil droit. Il tombe mort. Funeste destin, les sacoches en cuir formant les fontes étaient vieilles, mais avaient pour lui une grande valeur sentimentale : cet équipement était celui dont s'était servi l'Empereur durant la campagne de 1870.
Un mois plus tard, la guerre du Zoulouland est terminée. Le roi zoulou, à la demande des autorités militaire anglaise, fait rendre tous les objets qui avaient été pris sur le prince. En 1888, les restes mortels de l'Empereur et du prince impérial seront transférés à la demande de l'impératrice Eugénie dans la crypte de la chapelle de l'abbaye Saint-Michel de Farnborough.
Mais il y a aussi l'histoire du Mémorial :
( Extrait de "routard.com" )
Le mémorial du prince impérial Louis Napoléon existe toujours au cœur du Zoulouland. Je pars à sa recherche. Il se trouve à environ 70 kilomètres à l'est de Dundee, près du village d’Ukwekwe. La région offre de vastes horizons de collines couvertes d'herbes jaunies (en saison sèche). Notre guide, Pad Rundgren, parle couramment la langue zouloue. Il fait partie de ces Blancs ouverts d'esprit qui s'intéressent et connaissent la culture des Zoulous, sans préjugés. Tel le chanteur Johnny Clegg, surnommé le « Zoulou blanc ». Sur la piste de terre poussiéreuse, le véhicule tout terrain est secoué par les bosses et les nids-de-poule. Quelques arbres indiquent l'emplacement du mémorial, qui semble sorti d'un tableau romantique du XIXe siècle. Un muretin de grosses pierres entoure un petit bout de terre de forme ovale où se dresse le tombeau. Une inscription précise que la reine Victoria fit ériger cette croix en juin 1879, en hommage à « son pauvre et cher prince ». En 1880, l'année suivante, la mère du prince impérial, l'impératrice Eugénie de Montijo, vint en pèlerinage afin de se recueillir sur le lieu de la mort de son fils. Son voyage en Afrique du sud fut le parcours d'une grande dame en deuil mais aussi une incroyable aventure. Passant près de cinquante nuits sous la tente, Eugénie apparut comme une digne aventurière en crinoline !
Tous les ans, le dimanche le plus proche du 1er juin, un groupe de Français vivant en Afrique du Sud se rassemble autour du monument impérial, pour honorer la mémoire du prince. Cette journée est placée sous le signe du dialogue franco-zoulou : champagne de France, danses zouloues, bagpipes écossais et discours du consul de France. Selon la règle en pays zoulou, ce dernier doit acheter une vache et la faire tuer sur place ( ça doit être moins drôle à faire qu'à dire ). Tout se passe dans la bonne humeur et dans un esprit de tolérance et de réconciliation.
Le début de cette tradition date du 100ème anniversaire de la mort du Prince. Bernard Dorin, alors Ambassadeur de France en Afrique du Sud, avait organisé une cérémonie, à laquelle était invitée la famille impériale, et où il avait fait une homélie. Lors de la messe qui avait suivi, les évêques zoulous avaient chanté la Marseillaise, suivie de chants zoulous.
Mais Christina Egli, conservateur au musée Napoléon Thurgovie d'Arenenberg ( http://www.napoleon.org/fr/magazine/musee/files/Napoleonmuseum-Arenenberg.asp ) a fait le voyage d'Afrique du Sud sur les traces du fils de Napoléon III dans le Kwazulu Natal.
Ceci n'est pas la voiture du Prince Impérial, mais de Glenn Flanagan, la guide sud africaine, fondatrice de la "Présence française au Kwazulu Natal"
Glenn Flanagan est aussi fondatrice de la "Route du Prince Impérial"
Et voici le village d'Uqweqwe ( un nom imprononçable en français ) proche du lieu où il a été tué, et où une jeune femme vivant là tient le livre des visiteurs.
Ce reportage a été publié dans le numéro 494 de l'excellente Revue du Souvenir Napoléonien.
Portrait du Prince Impérial, alors élève de l'Académie militaire de Woolwich. C'était avec beaucoup de réticence que la Reine Victoria avait accepté de le laisser partir avec les troupes britanniques.
Il portait l'uniforme anglais, mais un seul petit détail permettait de le distinguer des "vrais" soldats, car il portait l'uniforme irrégulier de la Royal Artillery : seul un bouton de couleur bleue à son casque indiquait qu'il ne faisait pas vraiment partie de la troupe. Un détail que les Zoulous ne pouvaient évidemment en aucun cas connaître.