LOUANGE DE L'ÉMIR ABDELKADER


Photo d'AbdelKader par Carjat

Le premier acte de l'émir Abd el Kader, après le départ d'Amboise du prince Louis-Napoléon qui était venu lui annoncer sa libération, fut de réunir les siens dans l'oratoire et d'appeler les bénédictions de Dieu sur celui qui allait être empereur. Puis il écrit, en arabe, une longue lettre au Prince, une pièce de vers, d'un lyrisme dont seuls les Arabes savent atteindre le secret des sommets et qui se termine ainsi :

Gloire au Dieu unique !
Je viens m'incliner devant le sultan plein de bonté,
Obéissant à ce que m'imposent et ses ordres et sa défense,
Oui, fils de l'honneur, tu as engagé tes serments envers ton peuple,
Et ton peuple tiendra les siens sans trahison.
O toi, qui fus si rigoureuse envers moi, sois généreuse ;
Enchaîne-toi au maître que fortifie la victoire ;
C'est un prince élevé ; devant lui
Sur la terre et sur la mer les fronts s'inclinent ;
Tous veulent lui obéir avec amour,
Lui obéir d'esprit, de paroles et d'actions ;
Lui obéir, parce que c'est du haut de sa grandeur que descend la protection,
Cette protection qui éloigne le mal, qui apporte l'utilité et le bien.
Combien l'ont élu ! Et ils l'ont élu d'enthousiasme,
Car sans lui tout marchait au malheur et à la destruction !
Il a revêtu la nation de ses bienfaits, il a calmé les craintes ;
Il a arrêté les mains qui déjà s'allongeaient pour porter la désolation ;
Il s'est chargé du fardeau de l'État qu'il soutient d'un bras résolu,
Grâce à sa volonté et à sa sagesse, qui ne cesseront de triompher.
Il a le savoir, la prudence nécessaire au salut général :
Il est bon, généreux et pardonne sans crainte ;
Sévère envers les méchants, il est bienveillant
Envers les hommes de bien ; sur l'erreur de qui se trompe il jette le voile ;
Il possède les qualités, les mérites des âmes privilégiées ;
Il ignore l'orgueil et la fierté ;
Il assied l'État sur des bases vigoureuses, il en consolide l'édifice
En l'appuyant sur les assises de la religion du Christ.
Il a accru la force de ses armées : voyez
Ces bataillons redoutables entourés de gloire et de calme !
Où est-il le souverain qui possède d'aussi grandes choses ?
Oui certes ! Ce prince s'est élevé par delà les astres des Cieux ;
Il a fait triompher la justice
Et accorde les honneurs au riche comme au pauvre.
Il est l'homme du pouvoir souverain, il en est digne ;
Seul, il peut le relever et le perpétuer.
Quel autre irait-on invoquer si le malheur grondait ?
En quel autre mettrait-on son espoir, si le ciel suspendait sa rosée ?
L'éclat de la souveraineté ne l'a pas grandi,
Il est grand par lui-même, grand par l'illustration de son sang.
Dieu, dans sa bonté pour ses créatures, a donné l'empire à ce prince.
Gloire donc à Dieu, le seigneur de toute libéralité et de toute consolation !
A toi la bonne nouvelle, ô Paris ! voici que retourne vers toi
Celui qui t'a sauvé du malheur.
A toi la bonne nouvelle, ô Paris ! Il revient vers toi
Celui par qui tu domines les autres royaumes.
Elles t'envient ton prince toutes les autres cités ;
Le soleil resplendissant et l'astre des nuits sont jaloux de toi.
O mon maître, maître des souverains !
O le rejeton de Napoléon, le grand, l'illustre,
J'avais espéré de toi un acte digne de toi,
Un acte qui rapportera à son auteur gloire et récompense au ciel.
Je le vois : Dieu n'a pas voulu d'un autre que toi
Pour me causer ce bonheur. Louez Dieu, tous, sans réserve !
En m'accordant ce bienfait, tu l'accordes à un homme ;
Qui sera heureux de te rendre grâces et dont le cœur n'est pas ingrat.

Qui dit mieux ?

A côté de cela, Victor Hugo n'est qu'un "ver de terre". Quant à François Mitterand, Ministre de l'Intérieur, qui a dit, de l'insurrection algérienne, "la seule négociation, c'est la guerre", a aussi dit de Napoléon III : "Ah oui ! l'homme du coup d'état !"