IL FAUT SAUVER LE SOLDAT NAPOLÉON


La maison de Longwood - Gravure en couleur - milieu du XIXème siècle
Crédit RMN / Gérard Blot


La chambre où est mort Napoléon Ier le 5 mai 1821


Le regard fixé vers l'océan, à jamais immobile, au seuil du pavillon des Briars ( crédit photographique Sophie Eberhardt )

Modification 1 le 21 mai 2013 : Carte de Sainte Hélène

Cet article se réfère à l'excellente prestation de Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon dans la non moins excellente Revue du Souvenir Napoléonien n° 482 de janvier 2010.

Aujourd'hui propriété du Ministère des Affaires Étrangères, les Domaines français de Saint-Hélène sont composés de trois entités : la maison de Longwood, le domaine de la Tombe et le pavillon des Briars.

Alors que les Briars ont été offerts à la France par les descendants des Balcombe en 1959, Longwood et la Tombe ont été achetés, et non offerts par la reine Victoria. Non sans mal, mais grâce à la volonté de Napoléon III.

Alerté par un lieutenant de vaisseau en 1852, dès son accession à la présidence de la République, Napoléon III décide d'agir. Une histoire à la fois très simple et très compliquée.

Depuis 1833, après avoir appartenu à la Compagnie des Indes Orientales, l'île de Sainte-Hélène était rentrée dans le domaine de la Couronne britannique, qui décide de la rentabiliser en la louant. Le nouveau locataire, Isaac Moss, utilisa Longwood en ferme, transformant, sans aucune pudeur, le salon où l'Empereur était mort en local à moudre le grain, et installant des mangeoires dans les autres pièces.

La Tombe était l'objet de visites payantes avec buvette. En 1846, les propriétaires décident de vendre, et approchent l'entourage de Napoléon III.

Mais, le 28 décembre 1852, le Colonial Office répond que la législation anglaise ne permet pas à des étrangers de devenir pleinement propriétaires sur le territoire britannique, sauf autorisation par une loi ou un ordre du Conseil privé de la Reine !

Six mois plus tard, le gouverneur de Sainte-Hélène répond que, pour des raisons de sécurité, "les lois sur les colonies aussi bien que celles de l'Angleterre ne pouvaient souffrir qu'une partie des jouissances originales tombent entre des mains étrangères." !!

Napoléon III décide donc d'utiliser la voie diplomatique. Aux premières discussions avec le ministre des Affaires étrangères anglais, lord Clarenton, le Colonial Office modifie sa position, mais demande une ordonnance locale avec l'accord du gouvernement qui devait prendre la forme d'un ordre du Conseil !!!

Dix huit mois se passent, peut-être même dans les coulisses du traité de Paris mettant fin à la guerre de Crimée !!!! L'achat pourrait être fait par un sujet français, sans qu'il soit besoin qu'il fut naturalisé à Sainte-Hélène.

Pour faire monter les enchères, les Anglais prennent contact avec l'entreprise de spectacle américaine Barnum. Le prix se monte finalement à 180 000 francs or. Au prix du "Napoléon 20  en or" fin 2010 cela reviendrait à 1 800 000 euros (un million huit cent mille euros), pour une surface d'environ 100 m2, très chère reine Victoria, commissions occultes non comprises !!!!!

Le 20 juin 1858, au nom de Napoléon III, Gautier de Rougemont prend possession de la maison de Longwood et de la vallée du Géranium, écrivant la première ligne de l'histoire des Domaines français de Sainte-Hélène. 


Sur place, M. Michel Dancoisne-Martineau, consul honoraire et conservateur des Domaines, a la responsabilité de l'entretien des lieux et des importantes collections qui y sont exposées. En dépit de l'éloignement de Sainte-Hélène, il accueille chaque année environ 15 000 visiteurs. 

L'état d'une partie des bâtiments de la maison de Longwood est préoccupant : altération des structures, couvertures hors d'usage et d'une forme inadaptée au climat, nécessité de réorganiser les surfaces pour répondre aux besoins actuels d'accueil du public dans le respect des traces de l'histoire. Une restauration voire même la reconstruction d'une partie du bâtiment s'impose.


Ceci est le coin inférieur droit de la carte de l'île de Sainte Hélène dressée par le Lieutenant Read et dédicacée au Duc de Kent. Jusqu'ici, tout va bien. 

Mais il faut noter en bas à droite les fac simile des signatures de Napoléon I en tant que Premier Consul et en tant qu'Empereur. En haut à gauche, on peut y voir "The Residence of Buonaparte". Cette manière de dévaluer son adversaire is so british, isn't it ?