NAPOLÉON III ET L'ITALIE - NAISSANCE D'UNE NATION




Modification le 22 février 2013


Allez savoir, depuis le grand oncle qui y fait la dolce vita, l'oncle qui s'autoproclame Président de la République italienne, le cousin nommé Roi de Rome, la famille Bonaparte s'intéresse à l'Italie. À l'époque, ce n'était qu'une mosaïque qui mordait à belle dent dans l'hexagone.


Ce ne sera pas le moindre mérite de Napoléon III - proche dans sa jeunesse d'une société secrète prônant l'unité italienne ( les Carbonari ) - que de contribuer à cette unité, tout en obtenant en contrepartie Nice et la Savoie, à un poil près, par courtoisie : la propriété de chasse de Victor Emmanuel, qui ne deviendra française qu'en 1947.


De ce temps, il nous reste quelques stations de métro, Solférino, le zouave de l'Alma, Malakoff, Garibaldi et ses chemises ( rouges ), Cavour, Gaspard Scrive et l'anesthésie des blessés au chloroforme, Henri Dunant et la fondation de la Croix Rouge, les premiers transports de troupes par chemin de fer, le tout au son du chœur des esclaves de Nabucco de Giuseppe Verdi. Une épopée romantique qui durera vingt-trois ans.






                                           Solférino

Tout ceci est intelligemment rappelé dans l'exposition du Musée de l'Armée, aux Invalides, qui commémore les 150 ans de l'Unité italienne, exposion qui se déroule du 19 octobre 2011 au 15 janvier 2012. Ceux qui n'auront pas eu le loisir de se trouver alors à Paris pourront se faire offrir à Noël le catalogue de l'exposition, "Naissance d'une Nation", une brochure de poids, superbement illustrée et remarquablement bien renseignée.

En marge de l'exposition, on peut ajouter quelques remarques, en vrac :

LES PHOTOGRAPHIES DE GUERRE

Dix ans seulement après les travaux de l'association de Louis Daguerre et de Joseph Nicéphore Niepce, les photographies de guerre font leur apparition sur les champs de bataille : Italie, Crimée … On voit même dans l'exposition des images 3D binoculaires peu convaincantes, depuis on a fait mieux.


LE FUSIL CHASSEPOT

Le Chassepot est la première arme réglementaire de l'armée française à utiliser le chargement par la culasse, et non plus par la bouche. Il permet donc le tir et surtout le rechargement couché, ainsi qu'une cadence de tir accrue. Le canon est rayé, les balles ogivales remplacent les balles sphériques.
Innovation importante pour l'époque, l'étanchéité entre culasse et chambre est faite par une pièce de caoutchouc, ce qui accroît considérablement la portée. Portée utile normale avec la hausse rabattue ( hausse de combat ) : 150 m.La cartouche est un assemblage assez complexe d'une dizaine de pièces : outre la balle en plomb, elle comprend un étui à poudre en carton, une capsule métallique avec l'amorce, un emballage de papier, et divers liens, rondelles, etc. Elle était assemblée par le soldat. Cette cartouche est du type combustible : l'enveloppe de carton qui contient la charge de poudre noire brûle au moment du tir. Ce qui entraîne son défaut : l'encrassement, qui peut provoquer l'interruption du tir après une vingtaine de coups tirés. Le fusil Chassepot était néanmoins très supérieur au fusil prussien à aiguille Dreyse en ce qui concerne la portée, la précision et le pouvoir vulnérant. 


source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chassepot_mod%C3%A8le_1866 

Le Moniteur du 10 novembre 1867 publiait, en première page, une dépêche du général de Failly, datée du 9, rendant compte de la victoire remportée par les troupes françaises et pontificales sur l'armée garibaldienne sous les murs de Mentana (3 novembre). Après avoir annoncé que six cents garibaldiens y avaient trouvé la mort, le chef de l'expédition terminait par ces mots :
« Nos fusils Chassepot ont fait merveille. » 

Cette phrase, qui n'était évidemment pas très heureuse, fut l'objet des plus vives critiques en Italie et de la part des ennemis de l'Empire.
Dans une interpellation sur l'expédition de Rome, qui fut discutée au Corps législatif le 2 décembre suivant, M. Jules Favre reprocha au gouvernement de n'avoir pas laissé les bandes garibaldiennes se retirer sur le territoire italien.
« Il fallait bien, interrompit M. Glais-Bizoin, essayer les fusils Chassepot.
»
M. Eugène PELLETAN.

Ces fusils Chassepot qui ont fait merveille
M. Jules Favre exprima le regret que nos soldats aient eu à se servir de « ces armes perfectionnées qui ont fait tomber, disait-il, les combattants comme l'épi sous la faux du moissonneur, et qui ont permis d'écrire dans le rapport que vous savez, cette phrase qui a causé en Europe une impression horrible : « Nos fusils Chassepot ont fait merveille. »
»
Vous auriez mieux aimé qu'ils ratent ! » s'écria M. Granier de Cassagnac.


M. Jules FAVRE :
Je comprends et je subis les inflexibles nécessités de la guerre... Mais j'avoue que je suis profondément attristé lorsque je rencontre, dans un rapport français, cette glorification de la destruction des hommes. » ( Moniteur du 3 décembre. )
Quelque temps après, on chantait ce couplet, qui fut vite populaire, dans les Horreurs de la guerre, opérette de Philippe Gille, jouée à l'Athénée, le 9 décembre 1868 :
Nous avons des fusils

Se chargeant par la culasse.

Au dehors c'est gentil,

Mais au dedans ça, s'encrasse...

Nos petits Ennemis


N'en ont point 

source : http://www.dicoperso.com/term/adb0aead5e60a55f5f,,xhtml

Remarque importante : si les fusils français se chargeaient par la culasse, ce n'était pas le cas des canons. Or les canons allemands, eux, se chargeaient par la culasse, une des causes de la défaite française de 1870 !

LES CHEMISES ROUGES DE GARIBALDIGiuseppe Garibaldi est né à Nice. C'est le type même de l'aventurier patriote, guerrier, anticlérical et républicain. Son CV, bien trop rempli, est évoqué sur le site :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Garibaldi

Nous n'en donnerons que des bribes.

Il est considéré, avec Camillo Cavour, Victor-Emmanuel II et Giuseppe Mazzini, comme l'un des « pères de la patrie » italienne. Il est surnommé le « Héros des Deux Mondes » en raison des entreprises militaires qu'il a réalisées aussi bien en Amérique du Sud qu'en Europe ...
Ses parents auraient souhaité que Giuseppe devienne avocat, médecin ou prêtre mais l'enfant n'aime pas les études et privilégie les activités physiques et la vie en mer, étant, comme il aimera à le dire, « plus ami des amusements que de l'étude ». Il s'empare d'une barque et prend la mer pour la Ligure avec quelques compagnons mais il est arrêté et reconduit au domicile de ses parents … 

En 1827 il appareille de Nice à bord du brigantin Cortese pour la mer Noire, mais le bâtiment est assailli par des corsaires grecs qui pillent le 
bateau, volant jusqu'aux vêtements des marins ... 
Le 11 février 1834, il doit participer au mouvement insurrectionnel mazzinien de l'arsenal de Gênes ; celui-ci doit accompagner l'opération militaire du général Ramorini dans le Piémont le 1 février 1834 destinée à renverser la royauté. Garibaldi descend à terre pour se mettre en contact avec les mazziniens, mais l'échec de la révolte en Savoie et la mise en alerte de l'armée et de la police provoquent l'échec de l'opération. Garibaldi ne retourne pas à bord du Comte de Geneys et est considéré comme déserteur. Reconnu comme un chef de la conspiration, il est condamné « à la peine de mort ignominieuse » par contumace en tant qu'ennemi de la patrie et de l'État ...

Entre décembre 1835 et 1848, Garibaldi passe une longue période d'exil en Amérique du Sud répondant aux sollicitudes de tous ceux qui veulent lutter pour l'indépendance avec la même ardeur que s'il s'agissait de sa patrie. Il s'installe d'abord à Rio de Janeiro, accueilli par la petite communauté d'Italiens exilés et émigrés. Au cours de cette période, il diffuse les sentiments révolutionnaires auprès de ses compatriotes et restent en contact avec les activistes en Europe ...
 

Le 15 novembre, l'armée impériale reconquiert la ville et les républicains reparaissent sur les hauteurs où se déroulent des combats avec plus ou moins de succès. Garibaldi est impliqué pour la première fois dans un combat exclusivement terrestre, à proximité de Forquillas : il attaque avec ses marins et oblige ses ennemis à se retirer …En avril 1843, de retour à Montevideo alors qu'Oribe fait le siège de Montevideo qui dure jusqu'en 1851, Garibaldi organise et prend la tête d'un groupe de volontaires appelé la Legión Italiana ( légion italienne ), qui se met au service du gouvernement de Montevideo, le Gobierno de la Defensa ( Gouvernement de la Défense ). Ces hommes inexpérimentés, qu'il convient de former, font pâle figure lors des premiers combats ...
Une grande partie des défenseurs est d'origine étrangère, principalement française ( 2 500 hommes ) et italienne ( 500 à 700 hommes ), sur 6 500 défenseurs seuls 800 sont Uruguayens. La légion italienne que Garibaldi commande endosse la chemise rouge, vêtement à l'origine destiné aux ouvriers des abattoirs argentins. Cette chemise rouge est un élément essentiel du mythe garibaldien ... 

Le 8 février 1846, sur le territoire de Salto, à proximité de la rivière San Antonio, affluent du Río Uruguay, Garibaldi et sa légion italienne livrent la bataille de San Antonio contre des forces supérieures de la Confédération, auxquelles ils infligent de nombreuses pertes mais ils parviennent à se retirer après avoir perdu approximativement le tiers de leurs effectifs. Les répercutions de cette victoire sont immenses, il obtient le statut de héros, sa renommée devient internationale et la presse italienne raconte son exploit …

Le pape, Pie IX fait appel à l'aide internationale à laquelle répondent l'Autriche, la France, l'Espagne et Naples. Louis-Napoléon, soucieux d'obtenir l'appui des catholiques français, se réserve l'honneur de rétablir le pape ainsi, le 25 avril, 7 000 hommes commandés par le général Oudinot débarquent à Civitavecchia. Garibaldi, qui a été nommé général de brigade de la République romaine se montre le général le brillant de l'armée romaine. Il est vainqueur des Français le 30 avril mais il ne met pas à profit sa victoire sur ordre de Mazzini pour des raisons d'ordre politique, ce qu'il lui reprochera fermement après le débarquement de nouvelles troupes françaises ...

Avec la fin de la République romaine, Garibaldi refuse la proposition de l’ambassadeur des États-Unis d'embarquer sur un navire américain et quitte la cité, avec 4 700 hommes, avec l'intention de porter la guerre en Ombrie, dans les Marches et en Toscane. Encerclé par les armées des différentes nationalités, il traverse les Apennins et doit faire preuve d'astuces pour éviter une confrontation directe. Poursuivi par les troupes du feld-maréchal Constantin d'Aspre, avec seulement 1 500 hommes, il se réfugie dans la République de Saint-Marin le 31 juillet après avoir déposé le armes et se déclarer en qualité de réfugié. Il reconnait que « la guerre romaine pour l'indépendance italienne est finie » ...

Le 16 septembre, il s'embarque pour Tunis qui le refuse, puis Cagliari, l'archipel de La Maddalena, Gibraltar avant d'arriver, le 14 novembre, à Tanger. Il reprend la rédaction de ses mémoires débutées à la Maddalena et après quelques mois, le 27 juin 1850, il débarque à New York dans l'espoir de reprendre son activité de marin. Il repart pour le Pérou pour s'engager comme capitaine dans la marine et parcourir le monde : Lima, la Chine, Manille, l'Australie …

D'avril à mai 1860, il réunit des volontaires et fixe les grandes lignes stratégiques et le soutien logistique nécessaire à l'invasion du royaume des Deux-Siciles, le nombre de volontaires est atteint un millier d'homme, ce qui a donné son nom de légende à l'entreprise …

Au cours de son existence, Garibaldi tente à chaque occasion de libérer Rome du pouvoir spirituel, en chassant si possible le pape. Il est un féroce anti-clérical : « Si naissait une société du démon qui combatte les despotes et les prêtres, je m'engagerais dans ses rangs » ...
 


Garibaldi


Garibaldi, quelques années plus tard

Sa haine envers le pape et le clergé, et particulièrement contre Pie IX, est illustrée par le nom que Garibaldi donne à son âne Pionono, et par le fait qu'il parle du pontife en utilisant l'expression « un mètre cube de fumier » . ..L'inimitié est réciproque.Pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871, les comités de Défense nationale, sous l'impulsion de Gambetta, font appel à Garibaldi. En 1870, il met son épée au service de la France lors de la guerre franco-allemande. Les 25 et 26 novembre, avec ses deux fils, Ricciotti et Menotti, à la tête de 10 000 tirailleurs français de l’armée des Vosges, il remporte une victoire à Dijon…

Qui dit mieux ?