L'OPÉRETTE SOUS LE SECOND EMPIRE



Création le 21 mars 2019

Apparue à Paris vers 1853, un an après l’avènement de Napoléon III, l’opérette ne sera ainsi nommée  qu’en 1856, pour la représentation d’une œuvre oubliée, de même que son compositeur Florimond Ronger, surnommé Hervé.

Hervé
Micheline LALAUX, pianiste et claveciniste, est Professeur agrégé d’éducation musicale. Dans l’excellente revue du Souvenir Napoléonien du dernier trimestre 2008, elle raconte comment l’opérette a pris naissance au Second Empire.

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Au printemps 1855, le compositeur Jacques Offenbach rend visite à son confrère Hervé pour lui demander de l’aide. L’entrevue sera fructueuse.


Hervé, dès 14 ans, à la suite d’une escapade, se met au clavier de l’orgue de l’Hospice érigé  par Louis XIII pour les soldats invalides. Il devient rapidement organiste de l’église Saint Eustache. Puis il ouvre son propre théâtre et devient librettiste, compositeur, chef d’orchestre, régisseur, machiniste et chanteur !

Jacob Erbst, dit Jacques Offenbach, est un jeune violoncelliste à l’Opéra-Comique. En 1850, il devient chef d’orchestre à la Comédie Française. Il compose surtout des musiques de scène. Puis il démissionne. 


Orphée aux Enfers
 Il faut savoir que Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique et protégé de Louis XIV, avait doté les théâtres royaux de privilèges qui désavantageaient les autres scènes. Offenbach voulait changer tout cela et avait prié Hervé de bien vouloir accueillir dans son petit théâtre des Folies Nouvelles en 1855 le spectacle « Oyayaïe ou la Reine des îles » : un contrebassiste naufragé, menacé d’être mangé par la reine océanienne, prend la fuite sur son instrument devenu canot de survie. Le spectacle « Orphée aux enfers », en 1859 réjouit Napoléon III.

La liste des opérettes représentées dépasse la centaine ,telle « Les Chevaliers de la Table Ronde » d’Hervé et « La vie parisienne » d’Offenbach. Le terme « opérette » est remplacé par  celui d’ « opéra bouffe ». 1871 : « La fille de Madame Angot » de Lecocq, et bien d’autres.


Hortense Schneider
Le théâtre lyrique requiert de bons livrets mais ne va pas non plus sans diva. Hortense Schneider en est la star : sa loge sera surnommée « le passage des princes ». Ses triomphes la conduiront en Russie et en Égypte. Elle sera gratifiée de cachets phénoménaux dans toutes les cours d’Europe.

Blanche d’Antigny, compositeur et interprète d’Hervé, crée le rôle de Frédégonde dans Chilpéric. Le Prince de Galles, qui s’est amusé au plus haut point s’écrie « Quel dommage qu’Hervé ne sache pas l’anglais, à Londres, il aurait un succès fou ! » Hervé apprend l’anglais en 3 mois et obtient un triomphe.

On retiendra que le succès de l’opérette, genre minuscule à l’origine, est lié au Second Empire. Il s’épanouira jusqu’aux dimensions de l’opéra bouffe durant cette période de stabilité, d’essor de l’industrie, d’embellissement de Paris, grâce aussi à la bienveillance du gouvernement.



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