AVANT GUERRE DE 1870


 

Création le 11 août 2020

Les conflits armés entre les peuples n’arrivent jamais par hasard. Il y a toujours une phase prémonitoire qu’il faut savoir  interpréter pour mieux les prévoir (ou les éviter).

Deux personnes ont été les acteurs principaux de l’avant-guerre de 1870 entre l’Allemagne et la France : Otto von Bismarck et Eugénie Bonaparte.

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En 1834, passant par Biarritz, la petite Eugénie de Montijo – elle a 8 ans – est enchantée par le site. En 1847, sa mère vient à Biarritz et y est désormais fidèle. Eugénie pratique les bains de mer, qu’elle adore, comme elle adore l’océan. « L’impératrice disait qu’elle ne rêverait pas de plus belle mort qu’en pleine mer ». Bonne nageuse, elle n’hésite pas à s’aventurer au-delà du raisonnable, comme ce jour de 1850 où, dépassant la corde de sécurité et manquant de se noyer, elle est sauvée par quelques baigneurs aussi téméraires qu’elle. En 1852, la comtesse de Montijo y revient avec Eugénie. C’est là qu’elles reçoivent l’invitation du Prince-président pour le rejoindre à Fontainebleau.

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Le 22 août 1862, Pierre Lafleur sauve un Allemand de la noyade à Biarritz. Un mois après, le sauveteur meurt noyé. Moins de 10 années plus tard, en 1871, l’Allemand revient en France en vainqueur : il s’appelait Otto von Bismarck.


C’est le journal allemand "die Zeitung" qui a ressorti cette histoire des oubliettes en précisant : "Si le futur chancelier s’était noyé, la France se serait épargnée beaucoup de souffrances".

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Au Conseil des Ministres  Au Conseil des Ministres

Eugénie a été la première femme Présidente de la République (par intérim), par trois fois : lors de la campagne d'Italie en 1859, lors du voyage de Napoléon III en Algérie en 1865, et pendant les derniers combats en 1870. Elle aimait participer au Conseil des Ministres et a été très favorable à l'entrée en conflit avec l’Allemagne.


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Catherine Laval est la fille d’une millionnaire russe et d’un émigré français employé au ministère russe des Affaires étrangères. La fortune familiale et le statut social assurent à la jeune femme une excellente éducation. Le tout Pétersbourg connaît le salon littéraire et musical de la famille au quai des Anglais, où se rend parfois l’empereur Alexandre Ier en personne. Lors d’une visite à Paris, Catherine rencontre Serge Troubetskoï et séduit le jeune colonel par son intelligence et la finesse de ses propos. Les jeunes gens se marient et Catherine restera une amie fidèle de son époux pendant de longues années.


Or c’est à Biarritz que Bismarck rencontre Catherine lors d’une réception donnée par Napoléon III et son épouse. Il est séduit par son charme. Et c’est ainsi que le couple Troubetskoï a pu jouer un rôle de médiateur avec les Prussiens pour éviter les réquisitions et des exécutions d'otages. Il a aussi participé aux dépenses de l'invasion (impositions prussiennes et dédommagement des pertes les plus importantes subies par la population samoisienne. Chacun sait d'autre part pourquoi Fontainebleau ne fut pas occupée par les Allemands lors du siège de Paris, et c'est l'une des raisons pour lesquelles la Ville a tout à la fois une place Orloff et un boulevard Orloff.


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Le 23 octobre 1870, l'ex-impératrice, réfugiée en Angleterre, écrira au roi de Prusse Guillaume Ier en tentant de l'amener à renoncer à l'Alsace ; dès le 26, le souverain allemand répond par un refus :


« J’ai revu la lettre que Votre Majesté a bien voulu m'adresser et qui a évoqué des souvenirs du passé que je ne puis me rappeler sans regrets !


Personne plus que moi ne déplore le sang versé dans cette guerre qui, Votre Majesté le sait bien, n'a pas été provoquée par moi.


Depuis le commencement des hostilités ma préoccupation constante a été de ne rien négliger pour rendre à l'Europe les bienfaits de la paix, si les moyens m'en étaient offerts par la France. L'entente aurait été facile tant que l'Empereur Napoléon s'était cru autorisé à traiter …

 Lorsque à Ferrière des négociations parurent être entamées au nom de Votre Majesté, on leur a fait un accueil empressé et toutes les facilités furent accordées au Maréchal Bazaine pour se mettre en relation avec Votre Majesté, et quand le général Boyer vint ici il était possible encore d'arriver à un arrangement si les conditions préalables pouvaient être remplies sans délai.

J'aime mon pays comme vous, Madame, vous aimez le vôtre, et par conséquent je comprends les amertumes qui remplissent le cœur de Votre Majesté et j'y compatis bien sincèrement. Mais, après avoir fait d'immenses sacrifices pour sa défense, l'Allemagne veut être assurée que la guerre prochaine la trouvera mieux préparée à repousser l'agression sur laquelle nous pouvons compter aussitôt que la France aura réparé ses forces et trouvé des alliés
… »

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Et voilà comment des occasions se présentent et se perdent.