BAZEILLES

 

Les dernières cartouches à la maison Bourgerie

 

Création le 13 octobre 2020

La Revue du Souvenir Napoléonien a publié un numéro « Spécial anniversaire » du 150  ème anniversaire de la guerre de 1870 consacré en particulier à la bataille de Bazeilles 31 août-1er octobre 1870), célèbre par le tableau « La dernière cartouche » huile sur toile d’Alphonse de Neuville (1873). Benoît Bodart, historien, nous révèle comment cette bataille est passée de la réalité au mythe.

Benoît Bodart est aussi l’auteur d’une thèse sur Les marsouins de 1880 à 1914. Après la défaite de 1870-1871, la France renoue avec son expansion coloniale. L’infanterie et l’artillerie de la Marine reçoivent le rôle d’évoluer en dehors du sol métropolitain afin d’accomplir les trois étapes du processus colonial : la conquête, la pacification et l’administration.  Il a fallu dépouiller près de 4 500 registres matricules en vue de réaliser des séries statistiques. L’exploitation d’une centaine de témoignages a également permis de suivre le quotidien de ces hommes et ainsi de comprendre leurs motivations, leurs difficultés, leurs déceptions, leurs satisfactions. À  la veille de la Grande Guerre, la colonisation fait quasiment consensus et les marsouins jouissent progressivement d’une reconnaissance qui leur échappait jusque-là.


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Voici donc l’histoire de la « Division bleue » formée de marsouins et de bigors. Ces derniers étaient des canonniers de marine. Tous étaient habillés en bleu comme les Prussiens. Après les premières défaites, Napoléon III, malade, laisse le commandement à Mac Mahon. Celui-ci, pour empêcher l’avance des Prussiens, qui franchissent la Meuse, dépêche la Division bleue (10 000 hommes) pour donner un coup d’arrêt à Bazeilles. Si les fusils français (les chassepots) sont supérieurs à ceux des Prussiens, les canons Krupp auront une importance décisive. 


L’idée de Mac Mahon est d’ensuite de reformer une armée à Châlons, pour délivrer la citadelle de Metz dans laquelle est enfermée l’armée de Bazaine. Il faut dire qu’en lisant la presse, l’ennemi sait tout des plans et mouvements français, car pour rassurer la population, de nombreux articles décrivent la stratégie de l’armée de Châlons !


Les Prussiens occupent Bazeilles. Les marsouins contre-attaquent aux cris de « à la fourchette » (à la baïonnette en argot militaire). Lors des pilonnages dantesques de l’adversaire, marsouins et bigors n’ont d’autre ressources que de se mettre à plat ventre en espérant sortir indemnes. Les Bavarois reculent de l’autre côté de la Meuse. Pendant ce temps, les marsouins fortifient le village. Voilà pour la journée du 31 août.

Profitant d’un épais brouillard, les Bavarois retranchassent la Meuse à 4 heures du matin. Les marsouins font croire que le village a été déserté. Les Bavarois tombent dans le piège et c’est une mêlée. Le général Von Der Tan ne fait pas intervenir son artillerie, par risque de tirer sur ses propres troupes. Les pertes sont lourdes dans les deux camps. 

 


 Les combats  tiennent de la frénésie et du délire; finalement, à court de munitions, les marsouins de la maison Bourgerie se résignent à se rendre. Le capitaine bavarois Friedrich Lissignolo leur dit : « Messieurs les Français, vous êtes des braves, votre conduite est héroïque et il a fallu du canon pour vous réduire».


 
Les survivants sont transférés en Allemagne. Leur libération sera effective le 11 avril 1871. Symbole de résistance et d’abnégation, Bazeilles est souvent pris comme l’exemple à suivre pour les jeunes générations. 



Bazeilles en 2020