NAPOLÉON III ET BISMARCK



Après la défaite de Sedan
Stéphanie Burgaud, Normalienne, agrégée et docteur en histoire, Maître de Conférences en histoire contemporaine à l'Institut d’Études Politiques de Toulouse, a publié dans la Revue du Souvenir Napoléonien du premier trimestre 2010 un article sur les relations diplomatiques entre la France et la Prusse, en fait entre Napoléon III et Bismarck. La détérioration de ces relations a entraîné la guerre de 1870, puis celle de 1914, puis celle de 1940, des guerres de plus en plus mondiales. C’est dire l’importance de savoir ce qui s’est vraiment passé entre ces deux hommes d’État.

Otto von Bismarck, duc de Lauenburg et prince de Bismarck, né à Schönhausen le 1er avril 1815, et mort le 30 juillet 1898 à Friedrichsruh, est un homme d'État prussien puis allemand. Il a été à la fois ministre-président du royaume de Prusse de 1862 à 1890, chancelier de la confédération de l'Allemagne du Nord de 1867 à 1871, avant d'accéder au poste de premier chancelier du nouvel Empire allemand en 1871, poste qu'il a occupé jusqu'en 1890, tout en conservant sa place de ministre-président de Prusse. Il a joué un rôle déterminant dans l'unification allemande.


En Allemagne, sous l’influence du maréchal von Moltke, un état-major s'était constitué. L'armée prussienne était formée de conscrits disciplinés, instruits, bien entraînés. Les effectifs atteignaient 500 000 hommes, avec une expérience récente du feu : contre le Danemark (1864) et contre l’Autriche (1866). L'armée prussienne disposait, en outre, d’une artillerie lourde. Dans les conflits, elle a choisi de concentrer ses troupes sur des points précis, plutôt que de les disperser. Ces deux principes ont compensé largement les faiblesses du fusil allemand Dreyse, face aux qualités du Chassepot français.

Bismarck, lui aussi, pensait qu’un conflit armé avec la France était inévitable, comme il l’a lui-même reconnu dans son livre de souvenirs : « Je ne doutais pas de la nécessité d’une guerre franco-allemande avant de pouvoir mener à bien la construction d’une Allemagne unie ». Cette certitude allait de pair avec la conviction qu’il exprime ainsi : « Si les Français nous combattent seuls, ils sont perdus ».
Son père, Ferdinand von Bismarck, a été officier militaire. Il est possible qu'il ait partipé aux batailles d'Iéna et d'Auerstadt, deux défaites de l'armée prussienne réputée invincible. D'où son ressentment contre la France.

L'armée française dirigée par l'Empereur en personne ne disposait pas d'un corps de stratèges capable de définir une doctrine militaire. Les maréchaux qui entouraient l'Empereur formaient une caste conservatrice et peu encline à échanger des informations tactiques ou stratégiques entre ses membres. Les chefs militaires français étaient incapables de commander une grande quantité d’hommes. Lors de situations graves, voire désespérées, ce fut de l’initiative et du sacrifice des soldats que dépendit le salut de l’armée.

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La partie diplomatique à laquelle se livrent Napoléon III et Bismarck n'est pas aisée à étudier : incurie de l'un, fourberie de l'autre ... ? Le combat qui a commencé entre deux volontés de puissance s'achève dans une lutte entre deux peuples. Les historiens des deux pays ont creusé le fossé. Le secret d'État qui scelle les archives prussiennes, et l'opprobe jeté sur la politique impériale rendent difficile d'écrire cette histoire bilatérale.

Il est certain que Bismarck a le sens de la provocation :  ne menace-t-il pas ses homologues allemands, dès 1854, d’une alliance franco-prussienne, obtenue, s’il le faut, par le sacrifice des provinces rhénanes. La France est le meilleur allié possible, face à l’Autriche et à la Russie. Quant à Napoléon III, homme intelligent et aimable, il a eu une excellente politique méditerranéenne, mais il n’a pas le génie militaire de son oncle Napoléon 1er.

Réception de Bismarck à la Cour de Napoléon III
Invitation à Biarritz
Pour Bismarck, aller à Biarritz obtenir le soutien de l’Empereur, c’est s’assurer d’un appui solide dans la lutte pour étendre l'influence prussienne en Allemagne du nord. Pour Napoléon III, il importe d’empêcher que ne se reconstitue la coalition qui a présidé à la chute du Premier Empire. Il mesure, dès l’entrevue de Stuttgart de 1857, les limites du jeu franco-russe. 

Pourtant, les relations européennes avaient bien commencé :

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Mais Napoléon III est ferme : toute modification de l'équilibre européen devra être sanctionné par un nouveau Congrès des Puissances. De son côté, Bismarck pense à une annexion du Luxembourg. Napoléon III se convainc assez tôt que l'affrontement avec Bismarck est devenu inéluctable. Lorsque les dirigeants français prennent la décision de déclencher la guerre contre l'Allemagne bismarckienne, ils tombent dans le seul piège que Bismarck leur ait jamais tendu, celui de la candidature Hohenzollern au trône d'Espagne.

Pour apaiser les craintes d'encerclement de la France, le prince allemand Léopold de Hohenzollern a retiré le sa candidature au trône d'Espagne, à la demande de l'ambassadeur de France, envoyé auprès du roi de Prusse, en cure à Ems. 

Mais l'Empereur demande immédiatement au roi de promettre aussi qu'il n'y aura plus jamais d'autres candidatures. Guillaume lui indique que ce genre d'engagement ne peut se prendre dans l'absolu. Bismarck le confirme en éludant volontairement le retrait de la candidature allemande dans sa "dépêche d'Ems", mais surtout en la rendant publique.

Cela exaspère les Français : à Paris, les vitres de l' Ambassade d'Allemagne sont brisées ; l'Assemblée nationale vote les crédits de guerre dès le

La guerre est déclarée le 19 juillet ...

Bismarck à 18 ans